Comme beaucoup d’entre vous j’imagine, j’ai découvert Edgar Allan Poe au collège. Ses nouvelles étranges, inquiétantes, parfois morbides, m’ont fasciné adolescent — et ce goût ne m’a jamais quitté. Alors, en voyant apparaître La Chute de la maison Usher dans le catalogue Netflix, je n’ai pas hésité longtemps. Et je n’ai pas été déçu : cette mini-série est un hommage réussi, moderne, et profondément respectueux à l’univers du maître du macabre.
La chute de la maison Usher : un puzzle narratif finement construit
Ce que j’ai aimé d’emblée, c’est que la série ne se contente pas d’adapter une nouvelle de Poe. Elle s’inspire de tout son univers, en le tissant habilement autour d’une trame centrale : la chute, lente et inexorable, d’une dynastie corrompue. La Chute de la maison Usher devient ici la colonne vertébrale d’un récit où chaque épisode s’inspire d’une autre nouvelle de Poe : Le Masque de la Mort Rouge, L’assassinat de la rue Morgue, Le Chat noir, Le Cœur révélateur, Le Scarabée d’or, Le Puits et le Pendule, Le Corbeau… Et des clins d’œil à ses autres récits à travers de nombreux détails, comme les noms de certains personnages.
Au fil des 8 épisodes de la série, chaque membre de la famille Usher incarne une facette de cette décadence, et chaque disparition est à la fois une métaphore et un clin d’œil littéraire. Le résultat ? Une série où tout se tient, où rien n’est gratuit, et qui donne envie de relire Poe tout en savourant cette réécriture noire et contemporaine (exit toute reconstitution surannée du XIXe siècle, l’action est déplacée en 2023 ou 1979 pour les flashbacks, et c’est très bien comme ça).
Un plaisir de série bien écrite et bien conclue
Autre point fort, pour moi essentiel quand je choisis un programme : La Chute de la maison Usher est une mini-série. Huit épisodes, un début, un milieu, une fin. Pas de saison 2. Pas de rallonge inutile. Tout est là, pensé, écrit, maîtrisé. C’est une rareté dans un paysage télévisuel souvent trop avide de suites.
Le suspense fonctionne parfaitement, le gore est dosé avec justesse, et quelques jump scares bien placés rappellent qu’on est chez Poe, mais aussi chez Mike Flanagan, maître de l’horreur psychologique. La série réussit à être effrayante, cynique et profondément élégante.
La Chute de la maison Usher ne se contente pas de recycler Poe : elle le réinvente, le prolonge. Pour les nostalgiques des lectures adolescentes comme pour les amateurs de séries soignées, c’est un bijou sombre à ne pas manquer. C’est une série que vous aviez vue ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.