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Février 2018, le bilan culturel

by Julien
bilan culturel

Février : le mois le plus chaud de l’année, contre toute attente ! Forcément, quand on change d’hémisphère, on inverse les températures ! Ce mois-ci a été plus « nature » que « culture », en allant faire le plein de vitamine D sous le soleil de mon nouveau département préféré : j’ai nommé la Réunion !

Au programme : boire le café le plus cher du monde (le café Bourbon pointu coûte environ 459 € le kilo) ; manger la meilleure pizza du monde chez Mamzelle Pizza (championnat de Melbourne 2016) ; visiter le plus beau village de France en 1998 (Hell-Bourg, seule localité des DOM dans le palmarès) ; visiter l’endroit le plus pluvieux du monde (Takamaka) ; et enfin se faire surclasser en premium par Air France pour bien se remettre de toutes ces émotions ! Que demander de plus ?

Mais cela ne doit pas nous faire oublier notre petite habitude mensuelle : dresser notre bilan culturel des films regardés, des livres lus, des concerts entendus et des spectacles vus. C’est parti !

 

 

 Le Cuirassé Potemkine, de Serguei Eisenstein : Même quand on ne l’a jamais vu, on sait que ce film est réputé comme l’un des dix plus grands films de tous les temps. Grâce à la Cinémathèque de Toulouse a proposé en février un cycle complet autour des films d’Eisenstein, je comprends mieux cette réputation. En cinq actes, le film nous montre comment les marins du cuirassé, affamés, exaspérés d’être nourris de soupe à l’eau et de viande avariée, se sont mutinés et ont contaminé de leur fièvre révolutionnaire toute la Russie. Le film est d’une efficacité terrible. Obéissant à la structure de la tragédie classique, on y voit naître la colère des marins, la révolte prendre forme et déborder sur le port d’Odessa avant de s’achever dans une bataille navale épique. Quelle modernité ! Des figurants à en perdre la tête, des scènes de furie, des personnages pittoresques… Les images sont splendides, au service d’un épisode plein de souffle et d’espoir. Pour accompagner les images muettes, la cinémathèque proposait un concert de piano en direct, comme dans l’ancien temps. Bref, les conditions étaient idéales pour découvrir ou redécouvrir les chefs-d’œuvre d’Eisenstein.

 

 

El baile, de Mathilde Monnier et Alan Pauls : Toulouse s’est mise à l’heure de la danse avec son festival annuel La place de la danse, auquel nous assistons chaque année. C’est sur la grande scène du TNT, totalement mise à nu, que les danseurs de cette incroyable pièce se sont déhanchés. D’ailleurs, doit-on dire « pièce » ou « ballet » ? La confusion est de mise dans ce spectacle où les interprètes sont autant danseurs que comédiens. Les personnages cherchent à travers les danses et les corps d’autres moyens de communiquer que la parole pour entrer en contact, faire connaissance, se séduire… Et bien sûr, pièce sans parole ne veut pas dire muette ! Sifflements, chants, cris sont de rigueur pour ce bal hors-normes.

 

 

J’aime pas la chanson, de Juliette : Drôle de titre pour un concert de chant. Mais tel est le terrible aveu que nous fait Juliette dans son nouvel album sorti le 9 février. Ainsi, Juliette a composé une dizaine de nouveaux titres qui lui ont été inspirés par son piano, ses lunettes, un secrétaire (l’homme, pas le meuble) ou les remerciements dans un festival de cinéma. Elle nous a également fait réentendre quelques uns de ses meilleurs morceaux de ses anciens albums, comme Aller sans retour ou Le festin de Juliette. Comme d’habitude, elle nous a régalés ! Je ne sais pas si Juliette est tout à fait sincère quand elle claironne qu’elle n’aime pas la chanson, mais une chose est sûre : moi j’adore les siennes !

 

 

La moustache, d’Emmanuel Carrère : Marc décide un jour de surprendre sa femme Agnès. Il rase la moustache qui orne son visage depuis des dizaines d’années. Comment va-t-elle réagir en voyant le nouveau visage de son mari ? Or, quand il sort de la salle de bain, Agnès n’a aucune réaction. Elle semble n’avoir même pas vu la différence. Lorsque Marc l’interroge, Agnès s’étonne : « De quelle moustache parles-tu ? Tu n’as jamais eu de moustache. » Complot pervers, folie passagère, Marc va tout mettre en œuvre pour démêler le vrai du faux dans ce thriller moustachu ! La force d’écriture d’Emmanuel Carrère réside dans sa faculté à retranscrire avec justesse les rouages psychologiques de ses personnages. Ces derniers s’interrogent sur ce qu’ils voient et sont perpétuellement dans le doute. Faut-il faire confiance à nos sens, à notre esprit, ou sommes-nous dans l’erreur et la paranoïa ? Le roman prend un virage à 180 degrés dans son dernier tiers qui ne m’a pas totalement plu et qui diffère un chouia de son adaptation cinématographique. Mais les deux premiers tiers relèvent vraiment d’un tour de force littéraire ! Nous captiver avec une histoire de moustache, c’est quand même une preuve de talent, non ?

Un avant-poste du progrès, de Joseph Conrad : Kayerts et Carlier, deux blancs en charge d’un comptoir sur le bord du fleuve Congo, perdent peu à peu les sens dans leur exil colonial, tels deux personnages de Flaubert échoués en Afrique. Absurdité, ironie et inquiétude sont au programme de cette nouvelle à chute parfaitement ciselée.

Corniche Kennedy, de Maylis de Kerangal : Que n’ai-je déjà écrit au sujet de cette imposture d’écrivaine ? Son style est nul, son récit sans intérêt… Juste bonne à étaler sa science, l’autrice n’a pas fait mieux que dans Réparer les vivants, et l’histoire y est encore moins intéressante.

 

Cela nous fait quand même 6 objets culturels pour février, ce qui n’est pas si mal pour un mois aussi court ! Et vous, quels ont été vos plaisirs culturels ce mois-ci ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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