S’il y a bien un film qui mérite la palme de l’originalité en ce moment au cinéma, c’est clairement Everything everywhere all at once. Ce film réalisé par les Daniels (Daniel Scheinert & Daniel Kwan) propose d’explorer le multivers, un concept déjà abordé par les studios Marvel récemment, mais avec cette fois un traitement jusqu’au-boutiste. Leur pari est-il réussi ?
Le multivers selon Everything everywhere all at once
Le multivers, c’est ce que l’on appelait aussi jadis les univers parallèles. En gros, chaque fois que vous êtes confronté à un choix dans votre existence, cela crée une bifurcation : une version de vous-même existe dans un alpha-univers où vous avez fait le choix A, et une autre dans un bêta-univers ou vous avez fait le choix B. Cela multiplié par le nombre de choix que vous faites au cours de toute une vie et multiplié également par le nombre d’individus qui font aussi leurs propres choix, cela donne naissance à une infinité d’univers possibles.
Tel est le postulat de ce film qui raconte l’histoire d’Evelyn, femme au bord de la crise de nerf dans la vie de qui tout semble aller à vau-l’eau. Elle va soudain se retrouver au cœur d’un conflit qui met en péril le multivers et être confrontée à différentes versions d’elle-même et aux nombreuses vies qu’elle n’a pas vécues.
Un film incroyablement maîtrisé
Vous dire que le scénario de ce film est un sacré bordel serait un euphémisme. Ça va à 200 à l’heure et dès que le film commence, c’est parti pour plus de deux heures de grand n’importe quoi. Et pourtant, on accroche à 100% et on arrive parfaitement à comprendre la complexité du multivers et les enjeux du film.
Évidemment, avec les récents films et séries de Marvel, on est familiarisé avec le concept de multivers. Dans Spider-Man : No way home, trois versions de Spider-Man se rencontrent et se liguent contre toutes sortes d’ennemis. Dans Doctor Strange in the Multiverse of Madness, c’est le docteur Strange et Wanda Maximoff qui explorent les mondes parallèles dans une chasse à l’homme effrénée. Enfin dans la série Loki, on comprend mieux l’origine de ces univers grâce au Tribunal des Variations Anachroniques. Mais ce que Marvel a fait en 2 films et une série, Everything everywhere all at once parvient à l’expliquer clairement en une dizaine de minutes pour ensuite développer une aventure autrement plus originale.
Les mondes parallèles par lesquels passe Evelyn sont plus dingues les uns que les autres, et ce qui est encore plus original, c’est le moyen que les personnages doivent utiliser pour passer d’un univers à l’autre… mais je ne vous en dis pas plus, si ce n’est que c’est à la fois absurde, régressif et totalement jouissif !
Un casting de haut vol
Le film est particulièrement réussi par la maîtrise de sa mise en scène, mais il faut aussi saluer la prestation des quatre acteurs principaux.
Evelyn (et tous ses doubles) est campée par Michelle Yeoh, la célèbre actrice malaisienne que l’on a souvent vu dans des films d’action asiatiques et américains (Tigre et Dragon, Shang-Chi et la légende des dix anneaux, Avatar 2). Ses talents en kung-fu font d’elle l’actrice idéale pour camper cette héroïne lambda qui va devoir défendre le multivers contre les forces du mal.
Pour lui donner la réplique, Jamie Lee Curtis et Stephanie Hsu sont deux partenaires hors-normes. J’ai adoré la folie et l’auto-dérision dont elles font preuve tout au long de ce film.
Enfin, celui qui m’a le plus époustouflé est Ke Huy Quan ! Si son nom ne vous dit rien, il ne vous est pas vraiment inconnu, puisqu’il a été l’un de vos héros d’enfance dans les années 80. Eh oui, le petit geek “Data” des Goonies en 1985, c’était lui !
Dans Everything everywhere all at once, il incarne à la fois Waymond, le mari un peu inconsistant d’Evelyn, et Alpha-Waymond, un héros au caractère bien trempé. Le passage d’une incarnation à l’autre est tout simplement bluffant ! On se demande comme un tel acteur a pu être si peu employé au cinéma depuis des décennies tant il est convaincant dans ce rôle de composition.
Bref, si vous êtes branché par les univers parallèles, les films d’action et un humour totalement décalé, ne cherchez pas plus loin, vous allez adorer Everything everywhere all at once ! Profitez-en tant qu’il est à l’affiche, il est en salle depuis mercredi dernier.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
Original, c’est le moins qu’on puisse dire ! Je l’ai vu hier soir, j’en ai pris plein les yeux. Et j’ai vraiment bien aimé ! Pour faire le parallèle avec le “trop” que je n’ai pas du tout aimé dans Babylon, là j’ai trouvé que toute cette accumulation et ce débordement étaient parfaitement au service de l’histoire. J’y ai vu un vrai sens, et ça m’a accroché malgré le côté très WTF de tout cela ^^