Dans le cadre du festival de danse Ici&Là, le duo artistique Jonas&Lander a captivé le public toulousain avec leur spectacle innovant, Bate Fado, que nous sommes allés voir au Théâtre de la Cité. Cette performance hybride fusionne danse contemporaine et concert de fado, offrant une expérience sensorielle unique. Un grand moment de musique et de danse qui s’est terminé en ovation.
Bate Fado : la redécouverte du fado batido
Historiquement, le fado est la musique emblématique du Portugal. Elle était accompagné de danses, notamment le fado batido. Mais cette danse énergique, inspirée des claquettes, a progressivement disparu au fil du temps. Avec Bate Fado, Jonas&Lander s’attachent à réinterpréter et raviver cette tradition oubliée, où la danse devient un instrument de percussion dialoguant avec la voix et les guitares.

J’ai cru retrouver dans cette reconstitution des influences andalouses, irlandaises, voire même tecktonik, une chose est certaine, ce fado batido (« fado battu/dansé ») ne demande qu’à renaître de ses cendres, pour notre plus grand plaisir !
Une performance hybride et envoûtante
Conçu pour quatre danseurs, un chanteur de fado (Jonas) et quatre musiciens, Bate Fado transcende les frontières entre concert et spectacle de danse. La scénographie évoque un kiosque ouvert symbolisant l’union entre tradition et modernité. Les rôles s’entremêlent : les musiciens, brandissant leurs guitares avec passion, frappent le sol de leurs pieds, tandis que les corps des danseurs se muent en instruments musicaux. Le chanteur Jonas quant à lui est un touche à tout, aussi impressionnant quand il danse que lorsqu’il fait vibrer ses cordes vocales.
Sa reprise fadiste de la chanson Padam, padam d’Édith Piaf en guise de rappel a fini de conquérir le cœur de tous ceux qui n’étaient pas encore convaincus.
Un acte politique et culturel
Autrefois considérée comme provocante et érotique, l’histoire raconte que la danse du fado a été interdite par l’Église conservatrice portugaise. Il est étonnant qu’un art comme celui-ci ait totalement été éclipsé de la mémoire collective. Mais aujourd’hui, danser et chanter le fado avec Bate Fado devient un acte politique, une résistance contre la standardisation de la musique, de l’art et de la vie. Cette performance puissante et esthétique s’inscrit volontairement dans ce mouvement de réappropriation culturelle.
Jonas&Lander collaborent depuis 2011, se distinguant par des créations aux signatures fortes, et ils poursuivent leur quête d’innovation artistique en redonnant vie à une tradition presque oubliée.
En somme, Bate Fado est une célébration vibrante du patrimoine culturel portugais, réimaginé pour le public contemporain, et une invitation à redécouvrir la danse perdue du fado.
Le spectacle n’est plus à l’affiche à Toulouse, mais le festival Ici&Là quant à lui se poursuit dans la ville rose jusqu’au 13 février. N’hésitez pas à découvrir le programme et à aller voir de la danse, c’est toujours une merveilleuse découverte.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.