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Janvier 2016, le bilan culturel

by Julien

L’année 2016 a commencé étrangement, avec nos pages de journaux et nos murs Facebook qui se sont transformés en rubrique nécrologique ! Parmi les disparitions qui m’ont ébranlé, il y a évidemment celle de David Bowie. Les hommages à l’homme aux mille visages se sont multipliés et ont rythmé les journées depuis le 10 janvier, preuve s’il en fallait une que Ziggy Stardust et Aladdin Sane sont immortels !

Heureusement, le mois de janvier était également plein de bonnes nouvelles et de belles découvertes culturelles ! Alors comme en 2015, on fait un petit bilan mensuel des œuvres qui nous ont fait du bien (et de celles qu’il fallait éviter).

 

AU CINEMA

Demain, de Mélanie Laurent et Cyril Dion : Sorti à l’occasion de la COP21, le documentaire de Mélanie Laurent et Cyril Dion Demain a passé le seuil des 400 000 entrées ! Le film se divise en plusieurs chapitres (l’économie, l’éducation, l’agriculture, la démocratie, etc.) qui, au-delà de faire un constat alarmant sur notre société, permettent de faire de nombreuses propositions concrètes pour changer nos habitudes afin d’agir, améliorer et modeler notre avenir. Formellement, le film est dynamique et très feel-good, mais aussi très bavard et bruyant : quasiment aucune pause entre les interviews, les commentaires ingénus de Mélanie Laurent et une musique joyeusement pop-folk, ce qui peut parfois devenir soulant. Le film est très efficace sur le moment (on a presque envie de devenir végétarien et locavore en quittant le cinéma), mais passerez-vous à l’acte ?

Les Huit salopards, de Quentin Tarantino : Attendu depuis longtemps par les fans, le huitième film de Quentin Tarantino est un très-long-métrage hilarant et sanguinolent. Les huit salopards se situe entre le western et le huis-clos. La mise en scène est brillante et les acteurs livrent une performance irréprochable. On retrouve dans ce huitième opus tous les travers que l’on apprécie chez Tarantino : des personnages bavards (et des dialogues savoureux) d’une part ; de la violence exacerbée (et des effusions de sang) d’autre part. Passé le premier chapitre du film, la suite de la mise en place est un peu longuette. On finit malgré tout par entrer dans l’action et une fois que le mécanisme s’est déclenché, on ne s’ennuie plus jusqu’à la dernière minute !

The Danish girl, de Tom Hooper : Je ne saurais trop vous déconseiller d’aller voir The Danish Girl, qui raconte la transformation du peintre Einar Wegener (Eddie Redmayne) en Lili Elbe, connue comme la première femme transgenre. Si le film de Tom Hooper est magnifique sur le plan esthétique, c’est au détriment total d’une empathie avec les personnages. La perfection visuelle du métrage tient en permanence le spectateur à distance. Autre bémol, si l’acteur Eddie Redmayne livre ici une véritable performance (il commence à être abonné aux rôles extrêmes, après avoir incarné Stephen Hawkins en 2015 dans La Merveilleuse histoire du temps), il est difficile d’être touché par un tel manque de pudeur et autant de sur-jeu (regardez comme je pleure avec sincérité, regardez comme j’exprime avec puissance mon mal-être intérieur, regardez comme mes maladresses sont millimétrées…). Romancé à l’envi, le film de Tom Hooper ne prétend pas être précisément conforme aux événements qui se sont déroulés au début du siècle dernier : il est tiré d’un livre lui-même inspiré de la vie de Lili Elbe et non de son autobiographie, Man into woman (essentiellement un assemblage de correspondances et d’extraits de journal intime déjà assez retouchés par son éditeur de l’époque). Bref, de notre sélection de films LGBT en 2016, The Danish girl est probablement celui à aller voir en dernier recours !

 

AU THEATRE

Roberto Zucco, de Bernard-Marie Koltès, par Richard Brunel : D’un fait divers sordide des années 80 en Savoie (le serial killer italien Roberto Succo qui se suicide à 26 ans dans sa cellule, incarcéré pour six meurtres sans mobile et l’assassinat de ses deux parents dix ans plus tôt), Bernard-Marie Koltès a écrit une tragédie moderne, faisant de l’assassin sans cause un héros mythique et sublime. Richard Brunel a choisi Pio Marmaï pour incarner Zucco et a utilisé dans sa mise en scène tous les mauvais travers du théâtre contemporain : de la terre et des déchets sur scène, des acteurs qui brament et de la nudité… Eh oui, depuis que je poste de petits comptes-rendus de spectacles sur ce site, force est de constater qu’il y en a peu sans un mec à poil sur scène : que ce soit dans Fin de l’Histoire, le Roi Lear, Le Dernier jour de sa vie ou même les Franglaises ! Roberto Zucco n’échappe pas à la règle ! Néanmoins, à défaut de prendre notre pied artistiquement, il nous reste de quoi nous rincer l’œil…

Six personnages en quête d’auteur, de Luigi Pirandello, par Emmanuel Demarcy-Mota : La pièce de Pirandello est une mise en abîme vertigineuse. Sur un plateau où des acteurs préparent leur nouveau spectacle, débarquent comme des figures d’outre-tombe six membres d’une famille dont l’histoire n’a jamais été racontée, six personnages de fiction qui veulent être incarnés ! Chacun de ces personnages veut faire entendre sa voix, quitte à contredire les autres et à perdre les spectateurs que nous sommes (mais aussi les autres acteurs) sur la vérité du récit… Emmanuel Demarcy-Mota met en scène des acteurs au sommet de leur art pour nous faire redécouvrir cette réflexion vertigineuse sur le théâtre et le pouvoir de la fiction ! Le début du spectacle est un ballet de techniciens millimétré et ce n’est que la mise en bouche : jeux de miroir, glissements scénographiques, tout est mis en œuvre pour un spectacle fluide et captivant !

 

LECTURES

L’Ingénu, de Voltaire : Pas un mois sans son classique ! J’ai commencé l’année 2016 en me replongeant dans cette œuvre de 1767. Courte nouvelle ou histoire philosophique, L’Ingénu nous ramène au temps de Louis XIV et raconte les pérégrinations d’un Huron en France (en Basse-Bretagne et à Paris, pour être plus précis). Satire sociale et religieuse, Voltaire nous fait passer un délicieux moment en compagnie d’un Hercule fort naïf mais pourtant plein de bon sens ! Cet apologue est une invitation à la tolérance qui ne manque pas de nous rappeler que l’ouverture d’esprit, c’est autre chose qu’une fracture du crâne !

Le géant enfoui, de Kazuo Ishiguro : Ce livre m’a été offert par une amie avec qui je partage le goût de la lecture, c’est pourquoi j’aurais vraiment adoré l’aimer ! Mais rien à faire ! Je n’ai absolument rien pigé ! Pour vous la faire simple : l’action se déroule dans les temps arthuriens. Axl et Beatrice forment un couple âgé souffrant d’amnésie ; ils décident de quitter leur village pour aller retrouver leur fils dont ils ont perdu la trace depuis bien longtemps (ils ne savent même plus pour quelle raison). Ils retrouvent peu à peu les causes de leur amnésie : une dragonne souffle une brume persistante qui s’est répandue dans toute la contrée et qui efface les mémoires. En chemin, ils croisent la route de chevaliers… Leur voyage se transforme peu à peu en quête du souvenir. Passée la compréhension littérale du récit, ne me demandez absolument pas pourquoi Kazuo Ishiguro nous raconte cette histoire, cela reste un grand mystère pour moi ! Je pense que je vais à mon tour laisser le souffle de la dragonne me faire oublier cette œuvre sans grand intérêt ! (cela dit, si quelqu’un l’a lue et peu m’apporter son éclairage, je suis preneur !)

Le mythe de Cthulhu, d’Howard P. Lovecraft : Comme chaque mois, je me suis offert un petit voyage littéraire dans le monde fantastique et torturé du maître de la SF. Le mythe de Cthulhu est un recueil de six nouvelles indépendantes les unes des autres qui nous permettent de découvrir différents aspects de sa mythologie et les manifestations inquiétantes des démons extraterrestres du panthéon lovecraftien ! Ma préférence a été pour La Couleur tombée du ciel, qui nous narre les conséquences d’une chute de météorite à l’ouest d’Arkham (la folie qui a frappé ceux qui l’ont approchée, le trouble qu’elle a suscité dans la communauté scientifique…). Si vous ne vous êtes toujours pas mis à la lecture de Lovecraft, ces nouvelles sont une excellente entrée en matière !

 

Et vous, quelles ont été vos bonheurs culturels pour inaugurer 2016 ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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2 comments

ibidouu 31 janvier 2016 - 0 h 33 min

Coucou ! Je suis personnellement en train de lire Le Géant enfoui.. Merci pour le spoil, j’aurais bien aimé la découvrir par moi-même la raison de ces pertes de mémoire ^^ Mais en soi je suis assez d’accord. C’est un roman très lent et j’ai du mal à accrocher. Je ne vois pas du tout où l’auteur va avec tout ça !

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Julien 31 janvier 2016 - 17 h 26 min

Désolé Ibidouu, je ne pensais pas spoiler, d’autant que j’ai trouvé cet élément du roman dans pas mal de résumés (notamment sur le net)… Puisque tu es en train de le lire, tu devrais y arriver dans pas longtemps car cela fait partie d’un mystère levé dans la première partie du récit. Je ne t’en dis pas plus pour ne pas te gâcher davantage la lecture ! Cela dit, si tu parviens à accrocher et que tu finis par achever la lecture intégrale, n’hésite pas à revenir me dire ce que tu en auras pensé (ou simplement compris), car moi je suis toujours aussi perplexe !

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