Il y a un mois, je vous parlais de Ma Loute de Bruno Dumont comme d’une pépite du cinéma. Hier, j’ai vu le nouveau film de Paul Verhoeven Elle, incroyablement fort tout aussi inclassable.
Le métrage joue les équilibristes entre le thriller et la comédie par une alternance de scènes d’une extrême violence et des dialogues cocasses et légers sur le thème de « famille je vous hais ». Le film et ses personnages vont toujours là où on ne les attend pas, quitte à vous faire rire aux éclats juste après vous avoir montré les pires scènes de violence.
Isabelle Huppert – qui est une actrice que je porte assez peu dans mon cœur – campe ici une héroïne captivante. D’une certaine manière, son rôle fait penser à celui qu’elle incarnait dans La Pianiste de Michael Haneke… en moins frigide et plus humain. Car c’est bien d’elle dont il est question dans ce film qui la met au cœur de chaque séquence, presque de chaque plan.
Elle incarne Michèle Leblanc, une femme à la tête d’une grande entreprise de jeux vidéo, qui est un jour agressée sexuellement chez elle par un homme cagoulé. C’est sur cette scène que s’ouvre le film, vue à travers les yeux d’un chat, seul témoin de l’agression. Mais dotée d’un sang-froid hors-du-commun, Michèle va reprendre le cours de sa vie comme si de rien n’était… si ce n’est que, peu à peu, elle va recevoir des messages anonymes de son agresseur et comprendre que ce dernier n’est autre qu’un proche de son entourage.
Or, Michèle Leblanc n’a pas beaucoup d’amis autour d’elle. Ce serait même le contraire, si bien que la liste des suspects va doucement s’étendre à tous les protagonistes du film : ses employés qui la haïssent, sa famille proche de l’implosion, toute la France qui voit en elle la survivante d’un sordide fait-divers (un massacre perpétré lorsqu’elle était enfant)… Mais là encore, Paul Verhoeven fait dériver son intrigue bien loin de celle que l’on attendrait dans un thriller traditionnel.
Ce film ne manquera pas de vous captiver, voire de vous mettre un peu mal-à-l’aise ou de vous révolter. En effet, dans une certaine mesure, ce film nous interroge crûment sur le degré de consentement d’une victime d’agression sans verser à aucun moment dans le psychologisme ou l’explicatif… Pourquoi agissons-nous parfois comme des monstres ? Pourquoi acceptons-nous parfois d’être humiliés et avilis ? Autant de question qui restent sans réponse mais qui sont habilement posées dans une mise en scène impeccable.
Alors, êtes-vous prêts à aller voir ce film hors-normes trois fois nominé à Cannes ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
4 comments
Non. Je vais plutôt lire le Djian dont il est adapté
Huppert m agace avec son éternel personnage sans âge et sans émotion
Je n’aime pas beaucoup Isabelle Huppert non plus, pourtant elle fait mouche. Ca m’a aussi donné envie de lire Djian dont je ne connais pas les oeuvres. Il paraît que le style est très bon. En as-tu déjà lu ?
Un film à voir, nous sommes d’accord avec vous – malgré Isabelle Huppert …