En Ombrie (dont je vous vantais les mérites ici), à quelques kilomètres de Terni, le site archéologique de Carsulae repose dans un calme presque irréel. Fondée au IIIᵉ siècle av. J.-C., la ville doit son essor à la Via Flaminia, grande route romaine reliant Rome à la mer Adriatique. Cité florissante à l’époque impériale, elle déclina avec l’abandon progressif de cet axe, avant d’être désertée et lentement engloutie par la végétation. Aujourd’hui, ses vestiges se déploient dans un paysage vallonné, sous un ciel souvent limpide, offrant au visiteur une impression de suspension hors du temps. Sur les conseils d’un cousin italien, je suis allé découvrir les ruines exceptionnelles de cette ville antique.
Carsulae : les pierres et la route
L’ancienne Via Flaminia traverse encore le site, ses dalles usées portant la marque des siècles. Autour d’elle se dressent les restes des principaux monuments : le forum, les thermes, un majestueux arc de triomphe dédié à l’empereur Auguste, et les ruines imposantes du basilica civile. À l’extrémité, un double mausolée garde encore la mémoire des familles puissantes de la ville. Cette disposition illustre la logique romaine d’urbanisme : tout converge vers la route, véritable artère économique et culturelle.
À l’entrée du site, une reconstitution 3D permet de se faire une idée de ce à quoi pouvait ressembler la cité du temps de sa splendeur, et il faut dire que les archéologues ont fait un travail d’excavation absolument extraordinaire.
Entre nature et ruine
Ce qui frappe à Carsulae, c’est la fusion entre le paysage et les vestiges. Les herbes folles bordent les ruines, le panorama vallonné forme un écrin au théâtre antique, et le silence n’est rompu que par le vent ou les cris des oiseaux. Loin de la monumentalité écrasante de certains sites, Carsulae séduit par son échelle humaine et son atmosphère contemplative. J’ai vraiment aimé le fait que, contrairement à d’autres ruines, on comprend tout ce que l’on voit et on n’a aucune peine à imaginer ce à quoi devait ressembler la ville du temps de son fonctionnement. Il suffit de s’asseoir sur une marche de pierre pour imaginer le passage des caravanes, les rumeurs du marché, le bruit des sandales sur la voie.
Un musée, situé en amont du site, permet aussi de voir quelques statues, bas-reliefs, mosaïques et objets retrouvés dans les fouilles et conservés à l’abri des intempéries.
Un dialogue avec le temps
Visiter Carsulae, c’est sentir à la fois la fragilité et la persistance des civilisations. Les monuments sont en ruine, mais la route est toujours là, ligne de pierre qui relie passé et présent. Voici un nouveau site qui me fait réaffirmer que l’Ombrie est une région passionnante, qui vaut largement la Toscane (avec même un petit supplément d’âme).

On quitte le site avec l’impression d’avoir partagé un moment intime avec une ville qui dort depuis deux millénaires, mais dont le rêve reste ouvert à ceux qui viennent la parcourir.
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.






