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Le film le plus (in)attendu de 2015

by Julien

Luke Skywalker est-il passé du côté obscur de la Force ? Oui. Jon Snow est-il mort ? Non.

Voilà tout ce qu’il faut savoir au sujet du nouveau Star Wars (et encore, pour la deuxième info, je ne suis pas sûr de parler du bon nanar – car oui, un blockbuster peut être un vrai nanar de la même façon qu’un best-seller peut se révéler être un mauvais roman, comme Charlotte nous l’a démontré hier).

Ces temps-ci, je commence à trouver que le bourrage de crâne y va un peu fort et que notre espace mental est saturé. Famille Le Pen. Daesh. Star Wars. Trois mots d’ordre qui remplissent nos journaux, nos écrans, nos conversations. Et je sature !!! Mais je sature !!!

Comme je ne suis pas très porté politique ni vraiment intéressé par la religion, mais qu’en revanche je suis très cinéphile, je me suis précipité ce mercredi 16 décembre dans les salles obscures pour voir un film dont j’attendais impatiemment la sortie : La Chambre interdite de Guy Maddin ! (ce qui veut également dire de manière notoire que concernant le gros spoiler en début d’article, en fait, je n’en sais strictement rien puisque je n’ai pas vu Le Réveil de la Force pour l’instant). Et si La Chambre interdite n’est pas le film le plus attendu de 2015, il est probablement le plus inattendu !

 

 

La Chambre interdite est ce que l’on appelle un pur OFNI (objet filmique non identifié). Voilà dix ans que je n’avais pas vu de film de Guy Maddin. Le dernier en date était The Saddest music in the world sorti en 2006, avec Isabella Rossellini et Maria de Medeiros, et qui était déjà fort haut perché. Plus tôt, en 2002, j’avais déjà été touché par Dracula, pages tirées du journal d’une vierge, captation très poétique d’un ballet du Royal Winnipeg Ballet.

Avec La Chambre interdite, Guy Maddin et Evan Johnson cosignent un métrage expressionniste et surréaliste dont un bref résumé devrait vous donner un aperçu vertigineux :

 

1. Le film commence à la manière d’un documentaire sur « la meilleure façon de prendre un bain ».

2. La séquence se poursuit dans un sous-marin (le SS Plunger) dans lequel une gelée visqueuse et explosive s’échappe, mettant en péril la vie de son équipage.

3. Surgit tout à coup un bûcheron canadien, humide d’eau douce et que nul ne connait. Il doit raconter son histoire aux sous-mariniers.

4. Le bûcheron ne sait pas comment il est parvenu au SS Plunger, car il était dans la forêt à la recherche de la belle Margot.

5. Celle-ci était prisonnière dans une caverne, aux mains des Loups Rouges, et elle y dormait.

6. Dans son rêve, elle était une vendeuse de fleurs amnésique, dans un cabaret.

7. Dans ce cabaret chantait un crooner, et sa chanson racontait l’histoire d’un homme obsédé par les derrières qui souhaitait se faire lobotomiser.

8. Puis Margot amnésique (toujours dans son rêve) s’était retrouvée amenée chez un Aswang (un vampire) ayant pris l’apparence du séduisant Pancho (mort sous un lampadaire), où elle avait fait la connaissance de deux bananes pourries qui lui ont raconté le sort malheureux d’un majordome à moustache.

9. La moustache voulait faire un dernier adieu à sa famille lorsque le majordome s’était fait assassiner.

10. Lors de la veillée funèbre, un invité avait écrit ses mémoires où il racontait…

11. Etc.

 

Vous avez compris le principe… De récits gigognes en histoires enchâssées, vous plongez au plus profond d’une bien mystérieuse histoire. Et contre toute attente, aussi bizarres soient-ils, ces récits finissent tous par faire sens les uns par rapport aux autres. Mais je ne vous en donnerai pas la clé !

Au casting, Guy Maddin a réuni une pléiade de vedettes : Mathieu Amalric, Géraldine Chaplin, Maria de Medeiros, Charlotte Rampling, Adèle Haenel, Amira Casar… pour ne citer que les stars célèbres en France.

Côté visuel, le film est saccadé, sombre, avec des couleurs variant du sépia au noir et blanc. De nombreux cartons et sous-titres semblent placer le film du côté du cinéma muet, mais en fait il n’en est rien… Comme son/ses récit(s), l’image et la forme passent un peu par tous les styles.

En bref, il s’agit d’un film que l’on ne recommandera qu’à des spectateurs très avertis ! Je ne vous cache pas que c’est de loin le film le plus étrange que j’ai vu de toute ma vie et qu’il rivalise facilement avec les séquences de l’émission Tracks sur Arte (vous voyez le tableau). Pourtant, aussi déstabilisant soit-il, il ne m’a pas déçu et confirme que Guy Maddin est le réalisateur le plus singulier de notre époque ! Alors, prêts à sauter le pas et à pénétrer dans la Chambre interdite ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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2 comments

Allychachoo 17 décembre 2015 - 8 h 59 min

Mais tu triches ! J’ai cru que tu allais nous proposer THE critique de StarWars 😉

Reply
Julien 17 décembre 2015 - 13 h 03 min

C’est prévu, promis ! Mais comme Star Wars va probablement rester à l’affiche jusqu’en février 2016 alors que La Chambre interdite aura probablement une durée d’exploitation de deux semaines grand maximum, j’ai revu mes priorités 🙂

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