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Le dernier jour du jeûne

by Julien

Le dernier jour du jeûne, c’est un peu la rencontre de Plus belle la vie avec la tragédie grecque et Les monologues du vagin. Dans un quartier méditerranéen (Marseille, la Grèce, le Liban ?) des familles règlent leurs comptes dans une tragi-comédie signée et mise en scène par Simon Abkarian.

En résumé : Tout commence par un hymne au Soleil. La tante Sandra, femme libre et lettrée, est le choryphée de la pièce. Le jeûne touche à sa fin, et la famille de Nouritsa prépare le mariage d’Astrig, la fille cadette, avec le fils de la voisine. Dans cette pièce, les femmes sont clairement à l’honneur. Tour à tour, dans des joutes verbales ensoleillées et crues, elles opposent leur point de vue sur la féminité, le couple, la sexualité.

D’abord, il y a Zéla, la fille aînée, celle pour qui le jeûne a un sens. Elle réserve son cœur et sa chair à l’homme idéal, le seul et l’unique homme de sa vie, qu’elle n’a encore jamais rencontré. Pour lui, elle reste pure, mais elle guette dans le marc de café, dans les nuages et dans les livres des signes qui pourraient l’aider à le trouver.

Cela s’oppose tout à fait à sa cadette Astrig, qui veut devenir une femme libérée, comme sa tante Sandra. La voie du sexe est un chemin comme un autre pour apprendre à se connaître, et pour connaître les hommes afin de savoir lequel sera le bon. Entre Astrig et Zéla, autant dire qu’il n’y a rien de commun, et elles sont sur scène comme chien et chat !

Et puis il y a les mères : Nouritsa, qui veut aider ses filles à trouver leur voie ; et Vava, la voisine poétique et grossière, véritable gossip du quartier, qui souhaite marier son fils Aris à la belle Astrig. Les deux mamans antithétiques donnent lieu à des duos vraiment truculents !

Enfin, il y a Sophia, la fille du boucher, qui s’est murée dans un silence suspect, qui garde en elle un secret, que les autres femmes de la pièce vont s’acharner à découvrir.

 

 

Mon avis : Cette pièce est un moment de bonheur ! Accent du Sud, langage très imagé, vocabulaire cru et poétique à la fois, Abkarian nous fait voyager dans un quartier méditerranéen à la fois imaginaire et plus vrai que nature. Il y a du Mado la Niçoise et du Wajdi Mouawad dans ce spectacle !

La scénographie est astucieuse : quatre mobiles sur scène permettent de figurer tour à tour la maison de Nouritsa, la boucherie, le jardin, le cabinet de lecture, etc. On se laisse entraîner dans l’illusion avec un plaisir enfantin.

Bref, Le dernier jour du jeûne est une tragi-comédie très sympathique que je vous recommande. Elle est donnée au Théâtre National de Toulouse jusqu’à samedi 18 mars.

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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