Le 46e Festival Piano aux Jacobins continue d’offrir, cette année encore, des moments de grâce et de joie musicales. Parmi eux, le concert de Clayton Stephenson – qui participait hier soir pour la première fois au festival. Ce récital en fut l’un des temps forts, tant par l’originalité du programme que par la virtuosité généreuse du jeune pianiste américain.
Le premier récital toulousain de Clayton Stephenson
La ville rose peut être fière que le pianiste américain Clayton Stephenson ait choisi le festival Piano aux Jacobins pour son premier récital en France. Son concert s’est ouvert avec la transcription par Myra Hess du choral de Bach Que ma joie demeure. Dans la salle capitulaire des Jacobins, l’interprétation s’est déployée comme une méditation lumineuse : clarté des lignes, souplesse du phrasé, intériorité sans emphase.
Il a poursuivi avec les Impromptus op. 90 de Schubert. Le contraste entre la fluidité chantante du premier et la gravité profonde du troisième a mis en valeur sa capacité à habiter la poésie schubertienne. Chaque note semblait résonner longtemps après avoir été jouée, comme suspendue dans l’air.
La virtuosité et la douceur
Changement radical d’univers avec les Trois mouvements de Petrouchka de Stravinsky. Véritable épreuve de bravoure pianistique, l’œuvre exige à la fois puissance et précision. Stephenson a relevé le défi avec une aisance impressionnante : rythmes percutants, couleurs chatoyantes, énergie théâtrale. Le public a retenu son souffle devant une interprétation à la fois explosive et limpide.
Après ce feu d’artifice, le pianiste a offert une respiration poétique avec Over the Rainbow d’Harold Arlen, revisité dans l’arrangement de Keith Jarrett. L’élégance du toucher, le balancement discret entre jazz et classique, ont créé un moment suspendu, empreint de nostalgie et de tendresse.
Gershwin, sommet du concert
Le point culminant fut sans conteste la Rhapsody in Blue de Gershwin, pièce emblématique qui allie jazz, blues et virtuosité classique. Je l’avoue, c’est surtout pour cette partie du programme que je tenais à assister à cette soirée musicale. Que voulez-vous… je voue un immense amour à la musique de Gershwin, c’est ainsi !
Stephenson, héritier naturel de cette tradition américaine, en a donné une lecture vibrante et personnelle. L’élan rythmique, la richesse harmonique et la liberté improvisée ont transformé le cloître des Jacobins en salle de jazz grandiose. Bien que je connaisse mieux la version orchestrale de cette rhapsodie, la transcription pour piano a su me conquérir. Le public a bien entendu salué une interprétation à la fois respectueuse et audacieuse.
Avec ce concert, Clayton Stephenson s’affirme comme l’une des voix les plus singulières de sa génération : pianiste virtuose, mais surtout musicien poète, capable de faire dialoguer Bach et Gershwin dans une même soirée. Aux Jacobins, il a prouvé que son art transcende les frontières et parle directement au cœur.
Pour mon prochain rendez-vous aux Jacobins, je reste connecté avec la musique américaine, puisque j’irai écouter demain soir Vanessa Wagner qui jouera l’intégrale des Études pour piano de Philip Glass. J’ai hâte !
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
Quel plaisir de te lire ! Mais cela me fait encore plus regretter d’avoir du annuler… :/