Le mois dernier ici-même, je vous présentais la saison estivale de la Cinémathèque de Toulouse et sa programmation de projections en plein-air. En ce mois d’août finissant, je suis donc allé voir l’une des dernières séances de l’été : Buffet froid, le film de Bertrand Blier sorti en 1979.
Le film est sorti un an après que son réalisateur a reçu l’Oscar du meilleur film étranger pour Préparez vos mouchoirs mais, paradoxalement, Buffet froid n’a pas trouvé son public lors de sa sortie et a connu pour ainsi dire un vrai flop. La postérité aura réparé cette injustice, puisque le film est désormais considéré comme un grand classique, mettant en scène plusieurs monstres sacrés du cinéma français.
Le premier d’entre eux est Gérard Depardieu, qui campe le rôle principal du film, omniprésent à l’écran. Le personnage qu’il incarne est Alphonse, un chômeur désœuvré errant dans les couloirs du RER ou dans le quartier de la Défense, rêvant chaque nuit qu’il est un assassin poursuivi par la police. Une nuit justement, sur le quai du RER, il fait la connaissance d’un comptable (Michel Serrault) à qui il confie ses angoisses. Peu à peu, les cauchemars d’Alphonse vont se matérialiser.
Si l’intrigue peut paraître très sombre, le film n’en est pas moins une comédie absurde. Alors que le film pourrait basculer à tout moment dans le thriller ou la cavale, les personnages (incarnés entre autres par Bernard Blier et Jean Carmet) agissent systématiquement de manière contraire à ce que l’on attend d’eux, si bien que l’on éprouve le sentiment de découvrir une œuvre surréaliste. Les scènes s’enchaînent de manière absurde et inattendue, comme dans une nouvelle version urbaine ou banlieusarde de La cantatrice chauve. Les dialogues sont désopilants et, presque 40 ans après la sortie du film, les rires fusaient encore dans le public de la Cinémathèque !
Bref, Buffet froid est un film à sketches hors-normes qui mérite d’être vu, et l’on remercie encore la Cinémathèque de Toulouse de nous faire régulièrement redécouvrir des classiques dans des conditions aussi agréables que celles d’un cinéma en plein-air.
Il ne vous reste plus que ce soir et demain pour profiter de ces séances estivales, avec Les trois derniers jours du Condor de Sydney Pollack ce soir, et Le train sifflera trois fois de Fred Zinnemann samedi à 22h.
Et vous, que vous inspire cette initiative de cinéma en plein-air de la Cinémathèque ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.