Avec Bodies, Netflix frappe fort. Cette mini-série britannique, en 8 épisodes seulement, réussit le tour de force de mêler polar, science-fiction et drame historique, dans une narration aussi ambitieuse que parfaitement maîtrisée. Et c’est sans doute là l’un de ses plus grands atouts : raconter une histoire dense et complexe… sans se perdre en route.
Bodies : une construction vertigineuse
Le point de départ est déjà fascinant : le même cadavre est découvert à Londres… à quatre époques différentes. 1890, 1941, 2023 et 2053. Quatre détectives, quatre ambiances, quatre contextes historiques, un seul mystère. Le spectateur est ainsi embarqué dans une spirale narrative qui traverse les siècles, entre enquête policière et réflexion vertigineuse sur le temps, le libre arbitre, et la mémoire collective.
La série prend le risque de la complexité, mais elle ne tombe jamais dans l’abscons (ce qui n’est pas facile avec ce genre de scénario). Chaque épisode révèle une pièce du puzzle, jusqu’à un final très satisfaisant… même si j’ai parfois un peu de mal avec ce type de résolution dans les histoires de boucles temporelles (mais je n’en dis pas plus pour ne rien spoiler).
Ce qui m’a le plus séduit, c’est que Bodies n’est pas une histoire à rallonges qui fait compliqué pour faire compliqué. On n’est pas dans Lost. Bodies raconte une histoire pensée d’emblée comme un récit complet, avec un début, un milieu et une fin — chose rare dans un paysage sériel souvent friand de cliffhangers éternels.
Un cousin télévisuel de Cloud Atlas
Difficile de ne pas penser à Cartographie des nuages, le roman-monde de David Mitchell, tant les passerelles sont nombreuses. Même goût pour l’emboîtement des récits, même ambition de faire dialoguer les époques et les âmes, même idée que les actions d’un individu peuvent résonner à travers les siècles. Bodies n’en est pas une copie – loin de là – mais elle en partage la force romanesque et la profondeur humaine.
Avec son rythme haletant, ses décors soignés, ses acteurs habités et sa structure millimétrée, Bodies est une mini-série qui se savoure, se dévore… et qui reste en tête bien après le dernier plan. Une vraie réussite, qui donne envie de croire encore au pouvoir narratif des séries limitées.
Le mot de la fin ? Sachez que vous êtes aimés ! (les plus avertis comprendront…)
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.