Au théâtre du Pavé à Toulouse, je suis allé voir hier un spectacle intitulé Jolie bizarre enfant chérie. Titre intrigant s’il en est ! Il s’agit en fait du refrain d’un poème à Lou, signé Guillaume Apollinaire. Ces sont ces poèmes et ces lettres écrites en 1915 que la compagnie A pied d’œuvre a mis en voix, sous forme de cabaret.
Sur scène, trois actrices pétillantes et émouvantes : Louise Bouvet, Laetitia Brécy, Flore Egal qui, à travers les mots de Gui, déclarent leur amour à Lou sur des airs d’accordéon et de violoncelle. Tantôt gaies, tantôt désespérées, elles chantent et déclament ces textes érotico-poétiques et matérialisent sur la scène les calligrammes du poète. L’on traverse avec elles la Grande Guerre et les petits soucis du quotidien, des images qui résonnent étrangement quatre-vingt-dix-neuf ans après l’armistice et la mort de Gui, emporté par la grippe espagnole.
En bref, grâce à ce spectacle, on est comme tenté de redécouvrir la correspondance d’Apollinaire et de se replonger dans sa poésie si imagée qui ouvre la voie aux surréalistes ! Voilà pourquoi, grâce à la compagnie A pied d’œuvre, je vous invite à apprécier ces quelques vers :
Jolie bizarre enfant chérie
Ainsi les cinq sens concourent à te créer de nouveau
Devant moi
Bien que tu sois absente et si lointaine
O prestigieuse
O ma chérie miraculeuse
Mes cinq sens te photographient en couleurs
Et tu es là tout entière
Belle
Câline
Et si voluptueuse
Colombe jolie gracieuse colombe
Ciel changeant ô Lou ô Lou
Mon adorée
Chère chère bien-aimée
Tu es là
Et je te prends toute
Bouche à bouche
Comme jadis
Jolie bizarre enfant chérie.
Un spectacle à découvrir jusqu’à ce soir au Théâtre du Pavé, et qui continuera à tourner en 2017 et 2018, avec le centenaire de la mort du poète !