Après l’avoir découvert sur scène en 2016 dans S’il se passe quelque chose, Vincent Dedienne poursuit son chemin artistique avec Un lendemain soir de gala, un premier album qui n’a rien d’un caprice d’acteur. On y retrouve exactement ce qui faisait le sel de son spectacle : une parole intime, une attention aux détails, une façon très personnelle de parler de soi sans jamais s’exhiber. Dedienne ne joue pas au chanteur, il déplace simplement son territoire.
Vincent Dedienne : du théâtre à la chanson, sans rupture
L’album oscille en permanence entre nostalgie et humour tendre, avec ce regard un peu mélancolique que l’on pose sur sa vie quand on entre dans la quarantaine (vu que je suis un peu plus âgé que lui, je vois assez bien de quoi il parle…). Le temps qui passe, les souvenirs qui s’accumulent, les petits ratés, les grands élans : tout est là, mais toujours dit à hauteur d’homme. Dedienne n’en fait jamais trop. Il observe, il raconte, il sourit parfois de lui-même.
Les chansons sont composées par plusieurs de ses amis, et la bonne surprise, c’est qu’elles sont toutes réussies dans leur genre. Petit coup de cœur immédiat pour La chanson française, écrite par Barcella, qui joue avec les codes du genre tout en lui rendant un hommage sincère.
J’ai aussi découvert que Tim Dup savait écrire de très beaux textes, tout en finesse (Des constats s’imposent), et immense joie de retrouver Juliette, dont la plume est immédiatement reconnaissable pour le fan inconditionnel que je suis (Au mariage de papa). Chaque chanson a sa couleur, mais l’ensemble reste étonnamment homogène.
Nostalgie douce et préoccupations de quarantenaire…
Impossible de ne pas penser à Vincent Delerm en écoutant cet album : une voix sans effet, sans démonstration, des textes très vrais, constellés de détails anecdotiques qui font mouche. La filiation est d’ailleurs pleinement assumée puisque Delerm signe le dernier morceau, Un soir de gala, comme un passage de relais discret et élégant.
Un lendemain soir de gala n’est pas un album qui cherche à briller : il préfère rester allumé longtemps, doucement, comme une lumière familière qu’on n’a aucune envie d’éteindre. Une bonne idée à glisser sous le sapin, si vous êtes en quête d’une jolie attention pour quelqu’un qui aime la chanson française.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.




