Hier soir, nous avons eu le plaisir d’assister à l’une des premières représentations de la saison estivale de Montanhar, un spectacle imaginé d’après Le Mont Analogue de René Daumal. Pour l’occasion, 180 spectateurs étaient réunis dans le cadre bucolique du jardin Michelet, près du centre culturel Bonnefoy. Cette adaptation libre, portée par la compagnie MégaSuperThéâtre, nous a fait grimper bien plus haut que les arbres qui nous entouraient.
Montanhar : 2 pétassous et 1 joueur de boha
Le spectacle s’inspire du roman inachevé de René Daumal, Le Mont Analogue, récit à la fois métaphysique, spirituel et aventureux. L’histoire, à la frontière du réel et de l’imaginaire, suit un groupe d’alpinistes de fortune décidés à croire en l’existence d’une montagne invisible — la plus haute jamais vue, située sur un continent que les yeux ordinaires ne peuvent percevoir. L’ascension vers ce sommet devient une quête intérieure autant qu’un périple collectif.
Chloé Sarrat et Quentin Quignon incarnent tantôt les narrateurs, tantôt les « pétassous », ces chiffonniers étranges, guides ou clowns, qui peuplent leur version de la montagne. Dans un dispositif simple mais habité, ils convoquent la puissance évocatrice de la parole sur quelques notes de musique. Car oui, un chanteur et musicien les accompagne dans leur périple : Julien Nicolas Lloancy, étonnant joueur de boha (cornemuse des landes de Gascogne).

La complicité du trio, leur engagement physique et leur humour donnent une grande fraîcheur au spectacle (et avec cette chaleur caniculaire, on en avait bien besoin).
Une Face A pleine de promesses
Montanhar constitue la « Face A » d’un diptyque : cette première étape se veut conviviale, tournée vers le public, presque comme une veillée. Le ton est accessible, souvent drôle, sans rien sacrifier à la profondeur du propos. Il s’agit de partager une histoire plus que de la représenter, de faire communauté autour d’une énigme : comment gravir ce qui est invisible ?
Pendant tout l’été, les artistes prendront la route des montagnes en vélo pour faire tourner leur spectacle dans le Comminges et l’Ariège, puis reviendront à Toulouse le 29 août pour le Festival Rassemblées au Théâtre Jules-Julien.
Mais le voyage ne s’arrêtera pas là. La compagnie prépare déjà la « Face B » du projet, une nouvelle création intitulée Le Grand Vertige, attendue en mai 2026 au Théâtre de la Cité. Gageons que cette deuxième étape poursuivra l’élévation entamée hier soir, entre les herbes hautes et les étoiles.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.