Certaines séries bousculent dès les premières minutes. Mon petit renne en fait partie. Rien dans son titre — presque enfantin — ne laisse présager la claque qu’on va recevoir. Et pourtant, cette mini-série écrite et interprétée par Richard Gadd m’a littéralement happé, dérangé, remué… Elle m’a beaucoup marqué, même si elle m’a souvent mis mal à l’aise. Et c’est, je crois, ce qu’elle cherche : nous faire perdre nos repères pour mieux nous obliger à regarder là où ça dérange.
Mon petit renne : une histoire de harcèlement… mais pas seulement
Au départ, on croit assister à l’histoire (déjà éprouvante) d’un homme harcelé par une femme instable, envahissante, inquiétante. Mais très vite, on comprend que Mon petit renne ne suit pas les rails classiques du thriller psychologique. Elle brouille les lignes. Qui est la victime ? Qui est vraiment dangereux ? Et surtout : que cache ce malaise profond qui colle à chaque épisode ?

Je dois avouer que je suis totalement tombé dans le piège des premiers épisodes qui brouillent les pistes sans que l’on comprenne où la série veut nous emmener (ou plutôt, qui nous met sur des fausses pistes). Mais rétrospectivement, je pense que c’était voulu. Cette déstabilisation nous met dans la même position que le personnage principal : pris au piège, sans échappatoire clair, avec une douleur que lui-même ne peut pas nommer. Pourquoi ne porte-t-il pas plainte contre sa harceleuse ? Pourquoi la honte lui colle-t-elle autant à la peau ? C’est là que la mécanique devient complexe et intéressante.
Une plongée dans les racines du trauma
Car Mon petit renne, c’est bien plus qu’un récit de harcèlement. C’est une descente aux enfers intime, une dissection crue du traumatisme, de la honte, du silence, de la vulnérabilité masculine. La série ne décrit pas seulement les mécanismes du harcèlement : elle remonte à ses racines, à ce qui rend certaines personnes plus exposées, plus fragiles, plus silencieuses aussi.
En ce moment, on parle beaucoup de la mini-série Adolescence comme LE phénomène sur les questions de harcèlement. Franchement, rien d’aussi pertinent que Mon petit renne, qui s’intéresse bien moins aux conséquences qu’aux origines et aux mécanismes.
Un témoignage brut, dérangeant & malaisant
Avec seulement sept épisodes d’une trentaine de minutes chacun, Mon petit renne frappe juste et fort. Ce n’est pas une série facile — et c’est précisément ce qui la rend précieuse. Elle ose aborder la douleur sans filtre, la honte sans pathos, la mémoire sans simplification. Elle désarme autant qu’elle éveille. Une fois achevée, elle continue de résonner, comme un écho tenace — surtout quand on sait qu’il y a une histoire vraie derrière le scénario.
Et vous, avez-vous regardé Mon petit renne ? Qu’en avez-vous pensé ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.