Cette tasse, c’est ma meilleure amie qui me l’a offerte il y a quelques années, parce qu’elle avait très bien cerné ma personnalité… Eh oui, je le confesse, je suis une drama queen. Alors forcément, quand j’ai su que Mahaut Drama passait à côté de chez moi avec un spectacle dont « Drama Queen » est le titre, je n’ai pas pu résister à l’envie d’aller voir ce qu’elle y racontait.
Une heure et quart avec Mahaut Drama
Pendant longtemps, Mahaut Drama s’est crue TDAH ou bipolaire… Alors un jour elle s’est décidée à consulter quelques psychiatres pour en avoir le cœur net. Et le diagnostic est tombé : pas de trouble de l’attention ni de syndrome maniaco-dépressif à l’horizon. Mahaut dut se faire une raison : c’était juste une drama queen !
Et le titre ne ment pas : c’est bien de drama qu’il s’agit, mais aussi d’autodérision, de tendresse et d’un sacré sens du rythme. Mahaut Drama transforme la scène en ring, en divan, en confessionnal et en boîte de nuit, tout à la fois. Le résultat ? Un one-woman show sous amphés où elle règle ses comptes avec la vie, les hommes et l’estime de soi. Mais l’émotion, brute, déborde du cadre et laisse le spectateur un peu pris de court.
Une reine du désarroi
Ce qui frappe, c’est cette capacité à tout livrer sans filtre. « Peut-être que je blague… ou peut-être pas… ou peut-être que si… » est un peu un leit motiv du spectacle, dans lequel les confessions trash s’enchaînent à un rythme fou. Mahaut Drama parle d’amour, de solitude, de patriarcat et de blessures, mais sans se départir d’une distance ironique. Elle est tour à tour rageuse, fragile, cabotine, lucide — parfois tout cela en même temps. Il y a dans son jeu une intensité qui nous fait passer du rire franc au malaise doux, comme dans une série de montagnes russes émotionnelles.
Une chose est sûre, on n’aurait pas envie d’être dans sa tête !
Le drame comme moteur
Ce qui aurait pu n’être qu’une énième introspection nombriliste devient, sous sa plume et dans sa voix, un manifeste. Elle assume tout, jusqu’à l’excès, avec une sincérité et une impudeur qui désarment. Son art de l’autodérision la sauve du pathos : quand elle raconte ses galères d’érotomane ou ses crises d’ego, on rit parce que le drame devient moteur, presque carburant : elle en tire une énergie communicative.
Sur scène, Mahaut Drama capte l’espace comme une tornade féministe qui crie, improvise, crée des malaises et les désamorce, et tout paraît instinctif. À Saint-Orens, la salle d’Altigone était conquise – même les mecs entraînés là par leurs nanas sans trop savoir où ils mettaient les pieds.
Mahaut Drama porte bien son nom : reine du drame, certes — mais surtout reine de la lucidité, celle qui fait du chaos une matière à jubilation. On sort du spectacle un peu sonné, partagé entre empathie et saturation : preuve que, malgré ses excès, la reine du drame a bel et bien touché une corde sensible.
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.





