Raconter Toulouse en quelques pages relève de l’inconscience. Le Livre fou de Toulouse, publié aux éditions Sud Ouest, part précisément de là : de cette idée qu’une ville aussi dense, aussi contradictoire, ne peut être saisie ni par un classement, ni par une logique rassurante. Oubliez les parcours balisés, les progressions savantes ou les inventaires bien rangés. Le livre avance à l’instinct, comme on flâne dans les rues sans but précis. Si vous cherchiez une bonne idée cadeau à l’approche de Noël, eh bien voici une pépite !
Le Livre fou de Toulouse, un pari impossible… et donc nécessaire
Ici, Toulouse apparaît par fragments. Une matière rose qui accroche la lumière, une saveur charcutière familière, des refrains populaires, des figures historiques, des artistes, des athlètes, des utopies collectives. On passe d’un détail insolite à un symbole fondateur, d’un souvenir intime à une fierté partagée. L’art surgit là où on ne l’attend pas, le sacré côtoie l’anecdotique (ce qui est délicieusement dans l’esprit de Culture déconfiture, vous en conviendrez), le passé se glisse dans le présent sans prévenir. È coma aquo c’est bien, ça c’est bien Toulousain !
Le livre assume cette discontinuité : il ne cherche pas à relier, à expliquer ou à hiérarchiser. Il accumule, juxtapose, suggère. Et ça, j’adore ! C’est précisément dans cette accumulation que quelque chose prend forme.
Une ville sensible avant d’être racontée
Plus qu’un portrait historique ou culturel, Le Livre fou de Toulouse propose une expérience. On y sent le souffle du fleuve, le goût de la fête, la trace de combats anciens et de rêves à venir. La ville se révèle par ses contrastes : populaire et savante, fière et discrète, enracinée et ouverte au monde. È coma aquo c’est bien, ça c’est bien Toulousain !
Au fil des pages, j’ai appris des tonnes de choses sur la cité Mondine, un comble pour moi qui y suis quasiment né et qui y ai passé toute ma vie. Saviez-vous par exemple que la ville rose est plus grande que Paris ? Oui, vous avez bien lu !
Si elle reste deux fois moins étendue que Marseille (240,6 km2), elle est, avec ses 118,3 km2, plus de deux fois plus vaste que Montpellier (56,8 km2), Lyon (47,8 km2), Lille (34,8 km2) et Bordeaux (49,3 km2) ; et dépasse Nice (71,9 km2), ainsi que Paris (105,4 km2)…
Le Livre fou de Toulouse (page 80)
Un peu plus loin, j’étais totalement bouche bée en lisant cette anecdote sur les reliques chrétiennes :
Berceau de l’ordre des Frères Prêcheurs (les Dominicains), la ville est célèbre dans la chrétienté pour héberger le crâne de Saint Thomas d’Aquin, une sainte épine de la couronne du Christ, un morceau de la vraie Croix, un fragment de la robe de la Vierge qui viennent approcher chaque année des milliers de croyants… Elle est la deuxième ville d’Europe la plus riche en reliques après Rome.
Le Livre fou de Toulouse (page 114)
Une idée simple, au fond
À travers cette construction éclatée, le livre affirme une conviction forte : Toulouse n’est pas une identité figée. C’est un lieu où cohabitent des histoires multiples & parfois contradictoires.
En refermant Le Livre fou de Toulouse, on comprend qu’aimer une ville, ce n’est pas la réduire à un récit unique, mais accepter qu’elle se déploie en mille voix. C’est certainement un livre dans lequel je replongerai régulièrement, comme une boîte de friandises dans laquelle on va piocher quelques gourmandises au gré des envies. È coma aquo c’est bien, ça c’est bien Toulousain !
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.





