Parmi les trésors que cache le catalogue Netflix, il y a des pépites qu’on redécouvre avec émotion — et parfois avec une forme de vertige. Ce mois-ci, j’ai replongé dans Neon Genesis Evangelion, série culte de mon adolescence, que je n’avais pas revue depuis les années 90. Dès les premières notes du générique, tout m’est revenu : l’attente fébrile des épisodes, l’incompréhension fascinée, les débats enfiévrés… et cette sensation unique que cette série n’était comme aucune autre.
Evangelion : une œuvre fondatrice, toujours inégalée
Diffusée pour la première fois en 1995, Evangelion a bouleversé les codes de l’animation japonaise. Mélange d’action, de philosophie existentielle, de psychanalyse, de mysticisme et de mécha futuriste, la série a marqué toute une génération. Et aujourd’hui encore, rien ne lui ressemble. Pas même ses nombreux héritiers.
En résumé : quinze ans après la destruction d’une partie de la planète par un terrible cataclysme survenu en Antarctique, l’humanité est attaquée par des êtres dont l’origine et les objectifs sont mal connus. On ne appelle « les anges ». La seule arme pour les contrer : d’immenses mécas pilotés par des adolescents de 14 ans. Ces machines de guerre ont un nom : ce sont des Evangelions. Pour Shinji Ikari, l’adolescent qui pilote l’Eva-02, cette mission est l’occasion de se rapprocher de son père, commandant de la branche militaire chargée de combattre les anges.
Revoir Evangelion adulte, c’est découvrir une œuvre encore plus dense qu’on ne le pensait. Adolescents, je m’’identifiais à Shinji, Asuka, Rei — ces pilotes déchirés entre devoir, solitude et crise d’identité. Mais aujourd’hui, c’est du côté de la NERV que j’ai trouvé un nouvel écho : Misato, Ritsuko, Ryōji… des adultes abîmés, hantés par leurs choix, tiraillés entre loyauté et lucidité. Leur complexité m’avait échappé jadis ; elle me bouleverse désormais.
Une série qu’on ne regarde jamais deux fois de la même façon
Il y a chez Hideaki Anno une audace formelle et narrative qui sidère toujours. La série n’a pas peur de ralentir, de se taire, de se perdre dans des plans fixes ou des monologues intérieurs. Elle ose l’abstraction, le malaise, l’inachevé. Et c’est précisément ce qui la rend inoubliable. Chaque visionnage révèle de nouvelles strates, de nouveaux vertiges. Rien à voir avec les mangas mainstream qui pullulaient à la même époque.
Evangelion, c’est une série qu’on porte en soi longtemps. La revoir aujourd’hui, c’est mesurer à quel point elle n’a pas vieilli. Mais elle est restée vivante, mouvante, comme un miroir de celui ou celle qui la regarde. Trente ans plus tard, elle reste indétrônable au panthéon de mes séries préférées !
Et vous, vous avez des séries comme ça, que vous kiffez autant aujourd’hui que dans les années 90 ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.