C’est le genre de découverte qu’on n’attend pas, et qui nous cueille en plein cœur. Empathie, série québécoise portée par Florence Longpré, s’avère être l’une de mes plus belles surprises télé de ces derniers temps. Loin des clichés sur la maladie mentale, elle explore avec une finesse rare les rouages de la dépression, sans jamais sombrer dans le pathos ni dans la leçon de morale.
Empathie et ses petites danseuses en tutu noir
La série canadienne Empathie suit la docteur Suzanne Bien-Aimé (incarnée par Florence Longpré) fraîchement débarquée à l’institut psychiatrique Mont-Royal. Accompagnée de son assistant Mortimer (Thomas Ngijol), elle doit prendre ses marques, convaincre ses nouveaux collègues du bienfondé de ses méthodes peu ordinaires, soigner ses patients, mais aussi lutter contre sa propre dépression qui la ronge depuis des années.
La série n’est pas très conventionnelle dans sa mise en scène — ce qui est pour moi un énorme plus. J’ai adoré la métaphore par laquelle la série dit l’irruption de la dépression : de petites danseuses en tutu noir qui apparaissent sans prévenir, dès que le déséquilibre menace. Une image d’une justesse poétique, à la fois légère et cruelle, qui résume parfaitement le ton du récit — tendre, lucide, profondément humain.
Thomas Ngijol, dans un rôle à contre-emploi, impressionne par sa retenue. Loin du registre comique qu’on lui connaît, il habite ce personnage avec une pudeur inattendue. Autour de lui, une galerie de personnages qu’on a l’impression de connaître depuis toujours : des soignants bienveillants, des patients qu’on n’oublie pas, et un M. Dallaire (Benoît Brière) d’une émotion qui frôle la grâce. Mention spéciale à Diane, personnage secondaire mais inoubliable, à la fois drôle et attachante.
Florence Longpré, lumineuse
Au centre de tout, Florence Longpré, qui porte la série avec une intensité d’autant plus forte qu’elle ne force jamais le trait. Tout en nuances, elle incarne une femme au bord du vide, mais toujours habitée par un désir de vie. Sa performance est bien souvent d’une vérité désarmante.
Entre rires, silences et expressions québécoises savoureuses, Empathie nous rappelle qu’on peut parler de la douleur avec douceur — et qu’il y a parfois plus de lumière dans l’ombre que dans le plein jour.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.





