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Marche ou crève, Stephen KING [CRITIQUE]

by Allychachoo

Stephen King est sans conteste l’un de mes auteurs favoris. Et je me réjouis à chaque nouvelle lecture d’avoir encore autant de textes fondateurs à découvrir. Publié sous le nom de Richard Bachman, Marche ou crève est à mes yeux, du très grand King.

Marche ou crève : une marche macabre sans fin

Marche ou crève se déroule dans une Amérique dystopique et autoritaire où un événement annuel captive les foules : La Longue Marche. Cent adolescents volontaires sont présents sur la ligne de départ. La règle de la Marche est d’une simplicité terrifiante. Il s’agit de marcher, juste marcher. Mais… sans s’arrêter. Et à une cadence minimale, sous peine d’être abattu ! Les marcheurs sont encadrés par des soldats, sous la surveillance lointaine du mythique Major, le maître de cette cérémonie macabre. Dès qu’un participant ralentit trop ou s’arrête, il reçoit un avertissement. Au troisième avertissement, les balles résonnent.

Le héros de notre histoire est Ray Garraty, qui représente le Maine, région chère à Stephen King. L’intrigue se vit comme un huis clos, mais en mouvement. Au fil des kilomètres parcourus sur la route, nous suivons l’épuisement, les alliances éphémères et les effondrements psychologiques des participants. Le prix pour le seul et unique survivant ? La liberté totale et la possibilité de posséder tout ce qu’il désire. Suffisant pour justifier dans l’esprit de chacun ce véritable compte à rebours vers la mort ?

Horreur, voyeurisme, vacuité : King décrypte la société

L’horreur psychologique à son paroxysme

Comment Stephen King parvient-il à nous tenir en haleine avec une intrigue aussi ? La réponse se trouve dans l’exploration de thèmes universels qui caractérisent l’œuvre de l’auteur sous le pseudonyme de Richard Bachman. L’horreur n’est pas ici surnaturelle, mais purement psychologique et sociétale. Le roman est une dystopie glaciale où la déshumanisation est totale : l’individu n’est plus qu’une performance mesurée par son endurance face à la mort inéluctable.

Voir souffrir

Marche ou crève est un roman extraordinairement visionnaire, qui anticipe certaines obsessions de notre société. Dans cette “marche-réalité”, la souffrance s’expose en public. Mais on se demande ce que cette foule voyeuse qui se masse le long de la route comprend au spectacle qu’elle a sous les yeux. Passive mais complice, sa présence en décalage avec ce que vive les candidats est glaçante. Face à elle, la figure du Major reste énigmatique. Qui est-il ? Pourquoi orchestre-t-il cette barbarie ? King laisse planer le mystère, renforçant l’impression que la cruauté est étatique, et non l’acte d’un seul homme.

Pourquoi gagner ?

La force mémorable du roman réside dans cette question du pourquoi. Surtout pour les participants. Qu’attendent-ils de cette Marche qui les mène vers une mort certaine ? La Mort elle-même ne devient-elle pas plus désirable que le triomphe quand la raison des marcheurs vacille ? On suit leurs aspirations, de l’enthousiasme insouciant, naïf et arrogant à l’épuisement total qui fait basculer dans une ambiguïté radicale. La victoire promise à un seul élu, vide de sens, suggère qu’il n’y a pas d’échappatoire à l’horreur. La folie et l’abolition des murs des consciences est peut-être le seul prix à payer.

Une allégorie de l’absurdité

J’ai tout simplement adoré ce roman. Marche ou crève est du très grand Stephen King, et il m’a retourné les tripes. Il parvient, par son écriture d’une immersion totale, à nous tenir douloureusement en haleine sur une marche on sait l’issue fatale. Malgré la compétition macabre, des amitiés absurdes se nouent, rendant chaque volonté de gagner encore plus aberrante puisqu’elles se fait forcément au détriment des autres. On ressent la douleur des crampes, l’usure psychologique, l’horreur de la réalisation qui monte. La tension constante du pas suivant est si forte qu’il est impossible de lâcher le livre.

Mais l’aspect qui m’a le plus touché est, je l’avoue, assez premier degré. Peut-être même limite psychologie de comptoir même. Mais j’ai trouvé dans Marche ou crève une allégorie de la vie qui m’a profondément marqué. Le roman suggère que c’est la vulnérabilité la plus évidente qui nous met en position d’honnêteté réelle. Mais ce point n’est possible qu’au basculement, face à d’autres qui vivent les mêmes traumas. La foule, elle, juste… observe. King nous livre un constat brutal : il n’y a pas de mieux, on ne va pas vers une réussite éclatante, mais si on s’arrête, on meurt. C’est un hymne paradoxal à l’absurdité du destin.


C’est une œuvre essentielle, que je recommande à tous, même à ceux qui ne sont pas familiers avec King. J’ai refermé le livre avec une profonde émotion.

Julien a vu le film il y a peu, un jour je le regarderai… même si je doute qu’il ait un tel impact que le livre sur moi ! On verra 😉

Vous avez lu Marche ou crève ? Vous en avez pensé quoi ?

Qui a écrit cet article ?

Le nez dans les bouquins, le cœur dans les musées, les jambes à l'assaut du patrimoine et l'esprit en voyage ! Je partage avec vous mes découvertes culturelles du moment, diverses et variées, sans prise de tête. Éclectisme, je crie ton nom !
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