J’avais été assez déçu par L’Iris blanc. Son humour m’avait souvent paru daté, un peu trop volontiers réactionnaire, et surtout éloigné de ce que j’attends d’un album d’Astérix. Autant dire que j’abordais Astérix en Lusitanie avec une certaine méfiance, d’autant plus qu’on retrouve exactement le même duo aux commandes : Fabcaro au scénario et Didier Conrad au dessin.
Un Astérix plus “à l’ancienne”
Bonne surprise : cet album est beaucoup plus proche de l’esprit classique de la série. Sans chercher à révolutionner la formule, Fabcaro revient à quelque chose de plus simple, plus ludique, plus immédiatement efficace. Le voyage en Lusitanie fonctionne comme un terrain de jeu pour les jeux de mots, les clins d’œil et les situations absurdes, et, cette fois, ça marche.

J’ai souvent souri, parfois franchement ri. On retrouve ce plaisir enfantin de tourner les pages pour attraper la prochaine vanne, le prochain nom improbable, la prochaine situation un peu bête mais réjouissante.
Une intrigue sans éclat, mais sans ennui
Soyons honnêtes : l’histoire en elle-même n’a rien de révolutionnaire. Elle se contente d’aligner les péripéties sans grande surprise, et on ne sortira pas de là en se disant que cet album a marqué un tournant dans l’histoire d’Astérix. Mais est-ce vraiment ce qu’on lui demande ? Pas sûr.
J’adore par ailleurs les bandes dessinées de Fabcaro dont je vous ai souvent parlé sur Culture déconfiture : Moon River, Formica, Moins qu’hier (plus que demain), Zaï Zaï Zaï Zaï… et même la plupart de ses romans : Fort Alamo, Samouraï, Le Discours… Mais on sent dans les Astérix que l’auteur est un peu bridé par un cahier des charges étroit.
Didier Conrad, de son côté, assure un dessin solide, lisible, respectueux de la tradition, qui ne cherche pas à voler la vedette au texte mais l’accompagne avec efficacité.
Mais il me semble qu’en termes de reprise, la série d’Alain Chabat Le Combat des chefs a un peu mieux réussi le pari de tenir l’équilibre entre respect de la tradition et modernisation des blagues et des références culturelles.
Un plaisir simple
Astérix en Lusitanie ne prétend pas être un grand album, mais il remplit parfaitement sa mission : faire passer un bon moment. Après la déception de l’opus précédent, c’est déjà beaucoup.
Rien d’inoubliable, mais une heure de lecture franchement sympa — et, pour Astérix, c’est parfois tout ce qu’on demande. Voilà une bonne idée pour le Noël qui se profile, qui fera plaisir aux jeunes lecteurs comme aux grands-parents.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.






