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Roméo et Juliette par Preljocaj et Bilal

by Julien

Pour finir le mois de mars en beauté, Odyssud (Blagnac) a présenté un ballet contemporain : Roméo et Juliette. Il s’agit d’une chorégraphie d’Angelin Preljocaj, remontée ici par son assistant Youri Aharon Van den Bosch dans une scénographie d’Enki Bilal, vingt-sept ans après sa création. La musique quant à elle est signée Serge Prokofiev. Si le spectacle est toujours efficace, il faut néanmoins avouer que par rapport à sa création à l’Opéra de Lyon en 1990, la pièce fait aujourd’hui un peu datée !

Ecrite pour un large ensemble de danseurs (ils sont 24 sur scène), cette « mise en danse » de la pièce de Shakespeare a fait entrer la légende des amoureux de Vérone dans l’esthétique contemporaine : décors et costumes noirs, cuir, bruits de larsen… une esthétique qui évoque par de nombreux aspects Jacopo Godani (dont on vous parlait récemment) ou Olivier Py, mais avec un côté carton-pâte très marqué.

C’est en ces mots que le chorégraphe évoque lui-même son spectacle :

 

Dans une improbable Vérone, non pas futuriste mais fictive, passablement délabrée, abritant une classe favorisée et dirigeante (la famille de Juliette) et une population misérable et exploitée (celle de Roméo), la rencontre des amants est proscrite et hors la loi  ; la milice omniprésente et musclée, chargée par la famille de Juliette de contrôler l’ordre social, n’est pas seulement l’image shakespearienne de la fatalité, c’est aussi l’emprise effective du pouvoir sur une des libertés essentielles de l’individu : celle d’aimer.

 

Roméo et Juliette, même s’ils se soumettent parfois, refusent chacun la façon de vivre qui est imposée dans leurs classes sociales, classes fermées à toute communication comme le dicte la milice des consciences, d’où le scandale de cet amour. Tous deux voudraient être ailleurs, tous deux sentent la nécessité de décrocher, chacun aspire à ce qu’a l’autre. Le choc passionnel va leur permettre de sauter le pas, d’oser échapper au sort qu’on leur avait tracé.

 

Roméo et Juliette (musique : Serge Prokofiev / chorégraphie : Angelin Preljokaj / scénographie : Enki Bilal)

 

En bref, ce sont 90 minutes d’énergie qui ont déferlé sur le plateau d’Odyssud ! Malheureusement, j’étais peut-être placé un peu trop loin pour ressentir une émotion authentique. Verdict : je suis resté un peu extérieur à la tragédie.

Une dernière représentation est prévue cette après-midi à 15 heures, mais il faut malheureusement craindre que la séance affiche complet depuis déjà belle lurette.

Et vous, avez-vous déjà vu Roméo et Juliette sur scène ? Qu’en avez-vous pensé ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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