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Avril 2018, le bilan culturel

by Julien
bilan fleurs

Certains ont sans doute passé leur mois d’avril à digérer les kilos de chocolat que les lapins de Pâques ont pondu dans leur jardin au début du mois. Pour ma part, la livraison a été plutôt culturelle avec, comme d’habitude, des concerts, des films et de bonnes lectures. Dix objets culturels en avril ! C’est parti pour le bilan.

 

 

La forme de l’eau, de Guillermo del Toro : Une créature aquatique et des femmes de ménage dans un laboratoire d’expériences top secrètes, tels sont les personnages de cette fable poétique. Le cinéaste s’inscrit dans la mouvance actuelle qui s’inspire avec nostalgie de l’âge d’or hollywoodien.  Dans La forme de l’eau, les références colonisent chaque plan. Comment ne pas penser à L’étrange créature du lac noir devant cet homme-poisson ? Au cinéma muet ? On a le sentiment de del Toro a mis dans ce film tout ce qu’il aime, a travaillé soigneusement chaque plan, a choisi scrupuleusement chaque musique. Outre une aventure captivante, ce film est aussi un pamphlet pour le droit à la différence. Ses personnages sont des exclus, des incompris, dans une Amérique intolérante et violente en pleine guerre froide : handicap, sexualité, couleur de peau… ils font tous les frais de cette ségrégation mais tentent de résister, d’être solidaires. Bon, le message général est un peu béni-oui-oui, mais franchement ça fait du bien de voir un film comme celui-là qui n’a pas peur du ridicule ni des clichés. C’est clairement le genre de film qui vaut le coup d’être vu sur grand écran, car c’est un hommage réussi au cinéma et à sa magie !

3 Billboards, les panneaux de la vengeance, de Martin McDonagh : Des personnages forts, des dialogues coup-de-poing et beaucoup de violence, voilà les ingrédients de 3 Billboards. Un film méchant sur l’Amérique profonde qui m’a laissé bien perplexe… Les interprètes sont vraiment très marquants dans ce film et Sam Rockwell incarne vraiment le personnage intéressant du métrage : un flic raté, instable, looser borderline et frustré. Il donne de la profondeur et de l’humanité à un personnage qui n’a vraiment rien pour plaire.

Ready Player One, de Steven Spielberg : Spielberg revient à la SF pure et joue avec la nostalgie de ses spectateurs. En 140 minutes, il passe en revue toute la culture geek des 40 dernières années et la culture ciné du vingtième siècle. Si vous avez une trentaine ou une quarantaine d’années, chaque plan devrait évoquer pour vous un souvenir. Si vous êtes sensible à ce sentiment de nostalgie, alors ce film devrait parfaitement vous satisfaire : aucune originalité, tout est dans le vintage et le recyclage aussi bien en ce qui concerne le scénario que les personnages ou les dialogues. Bref, un film idéal pour un début de printemps sans prise de tête. Le genre de film totalement jetable, que l’on peut voir une fois pour flatter ses pulsions régressives, puis qu’on oubliera vite.

 

 

Une heure avec Brigitte Fontaine, par Sylvie Maury : Sylvie Maury est allée piocher dans des interviews accordées par la chanteuse pour proposer une heure de lecture entrecoupée de chansons. La connerie, la philosophie, l’amour du théâtre… Brigitte Fontaine fait feu de tout bois et répond avec fulgurance et à-propos à toutes les questions qu’on lui pose. La comédienne ne singe pas la chanteuse et nous fait entendre avec clarté et malice ses propos. Puis, régulièrement, le musicien Philippe Gelda la rejoint au synthétiseur pour interpréter quelques morceaux choisis de son répertoire : Delta, Ah que la vie est belle, Prohibition ou encore Entre guillemets et Il s’en passe. Le duo fonctionne du tonnerre. Je n’ai pas vu l’heure passer, je me suis délecté de chaque texte, interprété avec tant de talent !

Lost in space, par Jeff Mills et l’ONCT : Un mois après avoir été métamorphosée en cathédrale par l’Ensemble Pygmalion, la Halle aux Grains a été transformée en vaisseau spatial par le DJ américain Jeff Mills et l’Orchestre National du Capitole. Lost in space est un spectacle totalement influencé par la science-fiction. Difficile de ne pas penser au voyage psychédélique du Dr David Bowman au-delà de l’infini, dans le quatrième acte de 2001, l’odyssée de l’espace. L’expérience était assez édifiante sur le plan musical et scénographique.

 

 

Les gens dans l’enveloppe, d’Isabelle Monnin : Ce livre est à la fois un roman, un album-photos, une enquête et un CD de chansons. Les quatre sont indissociables et leur genèse est bouleversante. L’autrice a d’abord acheté une collection de photographies, puis a imaginé l’histoire des personnes imprimées sur la pellicule. Puis, elle a mené une enquête pour retrouver les personnes réelles. Enfin, Alex Beaupain a composé un album de chanson autour des personnages de fiction et des personnes réelles. Un drôle de mélange, mais qui fonctionne parfaitement.

Alex, de Pierre Lemaitre : Alex est le deuxième polar de Pierre Lemaitre que je lis sur les conseils de Charlotte, après l’excellent Robe de marié. Y’a pas à dire, il sait mener une intrigue et croquer des personnages captivants. L’enquête est complexe juste comme il faut avec plusieurs retournements de situations que je n’avais absolument pas vus venir. Divisé en trois parties, le roman raconte tour à tour une séquestration, une traque et une enquête. Aucun des personnages n’est vraiment lisse et même les personnages secondaires semblent avoir de la profondeur. L’originalité se niche partout, dès que j’ai commencé à lire j’ai eu du mal à décrocher. Au jeu des bourreaux et de victimes, Lemaitre brouille toutes les pistes, c’est glaçant.

Monstre, de Gérard Depardieu : Dans ce nouveau livre, l’acteur fait le point sur des sujets variés et ses sur ses expériences, une pensée qui va à sauts et à gambades d’un chapitre à l’autre. Le style est concis et direct. Ce qu’il dit n’est jamais à côté de la plaque, mais on a l’impression de lire le monologue d’un vieux blasé, aigri. Etonnant.

Le mystère Sherlock, de J.M. Erre : La critique de Charlotte au sujet de ce roman m’avait fait très envie. J.M. Erre maîtrise son sujet. Ses personnages sont des experts en holmésologie (la science de Sherlock Holmes) et l’auteur a fouillé de fond en comble dans les romans de Conan Doyle et ses exégèses pour écrire ce Mystère Sherlock, qui relève autant de la parodie que de l’hommage. L’humour est parfois un peu lourdingue, mais avec un peu d’indulgence, on trouve quand même quelque chose de très sympa dans ce roman léger et divertissant.

Vers la beauté, de David Foenkinos : Ce nouveau roman se lit d’une traite : le style est simple et les situations peu complexes. Comme d’habitude, il est soucieux des petits détails du quotidien et drames qui jalonnent nos vies. Il semble un peu recycler le thème qu’il avait voulu aborder dans Charlotte (qui racontait la vie d’une peintre du vingtième siècle au destin broyé par le nazisme et la Shoah). La question de l’art et de son rôle libérateur, révélateur ou apaisant sont à nouveau au cœur du récit, puisque l’un des personnages est un gardien de salle de musée et l’autre une étudiante passionnée de peinture. Mais les deux récits s’imbriquent assez mal. On dirait même qu’ils s’alternent artificiellement, jusqu’à ce que la dernière partie du roman nous explique le pourquoi du comment… Bref, un mystère tout à fait gratuit avec un suspens facile, qui ne m’a malheureusement pas captivé.

 

Et vous, quels ont été vos coups de coeur culturels pour commencer le printemps ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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